vendredi 21 mai 2010

Le commissariat en folie

Voici une histoire abracadabrante qui est survenue mercredi dernier. En 3 temps.

17h30 – Retour des jumelles

À chaque mercredi soir, les filles de l’équipe, ainsi que Sophie et Laura quittent l’école pour se rendre dans un centre communautaire près de la maison, pour leur entraînement de basket. Elles profitent du gymnase mis à leur disposition ainsi que du vestiaire attenant.

D’habitude, elles arrivent tôt, mais pas cette fois-ci. Une heure de retard.

Laura est la première à mettre les pieds dans la maison. Pas de « Hel-lo » habituel. Ses traits sont décomposés. Je sens instantanément qu’il s’est passé quelque chose et m’en inquiète aussitôt.

- Qu’est-ce qu’il se passe bébé? Où est ta sœur?

- Maman... , d’une voix cassée.

- Qu’est-ce qui s’est passé Laura?? Je ne me peux plus, comme on dit.

Et là, elle me raconte d’un trait, sans s’arrêter. Sophie arrive en coup de vent, essoufflée et le visage rouge. Bref, le petit monde douillet de l’insouciance et sans chichis existe de moins en moins.

- Maman! On s’est fait volé! Le vestiaire, toutes les cases ont été fouillées! Les sacs éventrés. Le linge partout par terre! Toutes les filles ou presque se sont fait volé des choses! De l’argent, des cellulaires, des passes d’autobus, des vêtements… Oh mon dieu, maman, je me suis fait volé mon iPod!

- Laura, tu t’es fait voler ton iPod?

- Mais attend maman, ce n’est pas tout! Les surveillants et la police en ont attrapé un! Ils ont attrapé un gars et lorsqu’ils l’ont fouillé, mon iPod était dans ses poches! J’ai récupéré mon iPod! J’ai dû signer des papiers avec la police pour récupérer mon appareil. Puis là, on doit donner tous les papiers à l’école. Ah maman…

- Donne-moi ton iPod que je le désinfecte! Pas question que les bactéries du trou-d’cul se retrouvent sur tes mains! Va laver tes mains mon bébé!

Je suis atterrée et en même temps, j’éprouve des sentiments de haine et des envies de vengeance. Plus elles parlent, et plus je suis choquée, dans le genre, sous le choc. Tout comme Laura d’ailleurs, qui est très affectée par cette épreuve. Sophie, elle, c’est une autre histoire. C’est la grande aventure!

- Moi, maman, de continuer Sophie, je les ai vu sortir du vestiaire, un après l’autre! Laura, elle, elle est arrivée bien après moi. Mais moi, j’étais dans les premières à me rendre au vestiaire. Je les ai très bien vus! Ils courraient dans tous les sens! Mais le pire, maman, c’est que lorsque je suis rentrée dans le vestiaire et que j’ai vu le bordel, je me suis presque évanouie!!!!! Je n’arrivais plus à me tenir debout, j’avais juste envie de me coucher par terre!! Les filles ont commencé à hurler autour de moi! Puis moi, ben je ne voulais pas aller voir mes affaires… Je voulais juste mourir sur place! Parce que tu sais, maman, si je n’étais pas morte sur place, il y a quelqu’un d’autre qui l’aurait fait à ma place!

- Mais qu’est-ce que tu me racontes là Sophie! Je ne comprends pas. Tu voulais t’évanouir parce que tu ne voulais pas voir ce qu’on t’avait volé? C’est quand même juste du matériel tu sais… Puis, je ne t’aurais pas tué pour autant!

- Han! Pas toi, maman. Ce n’est pas toi qui m’aurais assassiné!
C’est ton frère!

- Quoi? Mais qu’est-ce que ton oncle a à voir avec cette histoire?

Là, j’ai le droit au regard suivant : « je-lève-les-yeux-au-ciel-parce-qu’elle-est-pas-vite-vite-ma-mère ».

- Maman, mon oncle m’a prêté son chandail du Canadien! Heu, excuse mom, mais il s’agit d’un vrai chandail! Avec « Camalleri » d’écrit dessus. Pis ton frère m’a très bien dit la chose suivante : « Je te le prête, mais tu y fais vraiment attention, capitch p’tite fille? Pis c’est écrit : il-revient-assez-vite-merci.» Fussent ses paroles. Alors, me crois-tu maintenant quand je te dis que je voulais m’évanouir?????

Oh. Je me retiens de ne pas rire. De la voir me décrire son désespoir, je la crois à 100 mille à l’heure qu’elle avait envie de s’enterrer sous terre plutôt que d’aller constater le méfait.

- Alors? Tu es allé voir tes affaires?

- Ouiiiii!!!!! Pis le seul et unique sac, maman, qu’ils n’ont pas ouvert, c’est le mien!!!!! Je te l’avais dit que mon sac était hyper-laid quelque chose de rare, mais là, j’ai la preuve qu’il est vraiment affreux!

Ah ben. Pendant près d’une heure, on a décortiqué les événements. Plusieurs leçons ont été apprises cette journée-là. Le vandalisme, les vols, les gangs de rue, le taxage, les abrutis de tout acabit, etc.

19h30 – Constable Bilodeau

Le téléphone sonne. Mes deux filles sont coma; l’une dans son lit et l’autre cogne des clous devant « Céline autour du monde ». Je suis au lit avec mon livre. Benny se pointe et me lance.

- Charlotte, la police s’en vient. Ils ont d’autres trucs à faire signer à Laura.

Merde. Je me rhabille. Ça cogne à la porte. Je regarde par la fenêtre. Et là, je me sacre après : « Veux-tu ben me dire pourquoi tu t’es habillé en jogging? C’est quoi ça mettre un chandail couleur « vert-jade »… Il n’y a plus personne sur la planète qui porte cette couleur!! Pis t’es démaquillée!!! »

- Bonsoir monsieur l’agent!

Merde… est-ce que ça se dit ça?? Est-ce que je viens de lancer cette foutue phrase avec 8 octaves trop haut?

- Entrez monsieur l’agent, entrez.

Mmm… quelle carrure. Et cet uniforme. Mettez un pichou dans un bel uniforme bleu et il devient un véritable adonis. Wow. Un gilet pare-balle, c’est du sérieux. Je lui pardonne son air renfrogné, je suis certaine qu’il préfèrerait s’occuper d’autres choses plus palpitantes que du vol d’un iPod. Qui nous a été restitué d’ailleurs. S’agit-il toujours d’un vol dans ce cas?

- Bonsoir. Laura doit signer un rapport d’événement. Ho, attendez, je reçois un appel.

- Ah, prenez votre temps monsieur l’agent…

Il n’est pas très grand, mais quelle prestance. J’aime bien les hommes qui ont de grands pieds. Allez savoir pourquoi.

- Madame, je vais devoir revenir.

- Ah, mais vous revenez quand vous voudrez hein!

- Bonsoir madame, bonsoir monsieur.

Oups! C’est vrai. Benny est là aussi. J’avais oublié…;-)

20 minutes plus tard. Constable Bilodeau est de retour. Laura signe le document. Il prend des photos de l’appareil.

- Vous savez monsieur l’agent, si vous deviez chercher des empreintes, c’est foutu. Je l’ai désinfecté.

Ouch. J’ai eu droit au regard suivant « non-mais-c’est-rien-qu’un-iPod-quand-même »

Merci. Bonsoir.

20h30 – Veillée au commissariat

Le téléphone sonne. C’est le constable Bilodeau.

- Bonsoir madame. Il s’agit finalement d’un gros dossier et une enquête sérieuse est en cours. Nous aimerions voir votre fille pour qu’elle fasse une déposition.

Ou-la-la, une déposition. On rit plus.

- Désirez-vous que j’amène mon autre fille, Sophie?

- Pourquoi? Elle a vu quelque chose?!

- En fait, elle les a très bien vus. Elle est arrivée face-à-face avec eux.

- Ah mais c’est sûr qu’elle doit venir aussi! Maintenant. S’il vous plaît.

- Heu… ok… on arrive.

L’inspecteur Gino

Je réussis à extirper Sophie de son lit. Laura est contrariée. Je suis toujours en jogging. 8 minutes plus tard, nous sommes au commissariat. D’autres parents et élèves sont présents. Nous veillons jalousement sur nos petits. Les filles goûtent à toute la sauce judiciaire. Un vrai baptême!

Laura ayant été témoin de peu de choses, elle est sortie rapidement du cubicule. Nous sommes toutes les deux dans la salle d’attente et discutons peu. Elle est dans sa bulle, avec ses écouteurs dans les oreilles, les yeux clos.

Une porte cachée s’ouvre toute grande. Passent en trombe, devant nous, deux inspecteurs de police. Voulez-vous bien me dire pourquoi je sais instantanément reconnaître et distinguer des inspecteurs de police versus des agents de la paix??

Le constable, lui, porte un bel uniforme bleu. Attrayant.

L’inspecteur de police, quant à lui, porte des vêtements pour sortir un vendredi soir. Un pantalon à pli, le toupet gominé dans le vent, que ce même vent ne saurait déplacer, une chemise bleu royal fraîchement sorti du pressing et des chaussures à bouts pointus, tellement « shinés », que je pourrais retoucher mon mascara s’il s’était un tant soit peu arrêté devant moi. Ah oui! Ses chaussures font un « clac-clac » d’enfer!!!

- Laura, que je murmure. Je vous jure que je murmure. Je le sais c’est quoi murmurer. On murmure tous quand on s’apprête à parler dans le dos du monde. Vrai? Alors, ne doutez pas que j’ai murmuré.

- Mmmm?

- Moi, un homme qui porte des chaussures plus pointues que les miennes… pas capable.

Là, j’ai droit au regard suivant : « Ah-peut-pas-me-laisser-tranquille-des-fois ». Et j’en rajoute.

- En tout cas. Un homme qui claque des talons plus fort que mes escarpins, pas capable...

Et comme je dis ça, l’inspecteur et ses talons repasse, mais cette fois, il s’arrête devant nous. Je m’apprête à l’affronter du regard, que j’entends le son le plus incongru qui soit. Aussi, je vous jure que j’ai bien élevé mes enfants!

Non!!! Pas ça! C’est Laura qui a peine à se retenir de rire et produit des couinements avec sa gorge. Peine perdue, elle s’esclaffe. Elle rit et elle rit! Elle rit de plus en plus fort! Elle se tord sur sa chaise et tente de se cacher dans mon dos. Et ça n’arrête plus!! Et moi, je suis incapable de lever les yeux plus hauts que ces maudites chaussures vernies devant moi. Je me sens contaminé et je n’arrive plus à me contenir. Vous savez ce qu’est le rire « contagieux »? J’ai eu beau combattre, mais c’était impossible. D’entendre Laura se débiner à ce point! Impossible de résister. Ça a duré une heure de temps!

L’inspecteur? Je ne saurais dire ce qu’il en est advenu et je m’en fous un peu. Il a juste disparu.

Sophie? Oh, à un moment donné, elle est sortie de la salle d’interrogatoire en m’intimant de me calmer. Mais elle n’était pas du tout crédible. Elle était atteinte par la même contagion.

Le constable Bilodeau? Il fût une seconde où il m’a fait le signe « chut », mais ça n’a pas duré. Lui non plus n’était pas crédible avec le « smile » qu’il avait dans la face.

Les parents? Ce bout-là, je ne l’ai compris tout de suite. Comment peuvent-ils se bidonner comme ça? Qu’est-ce que j’ai manqué pendant toute l’heure qu’a duré notre folie, à Laura et moi. C’est Sophie qui m’a donné la réponse au sortir du commissariat de police.

- Tsé, maman. Le commissariat, il était vraiment écho. Même si tu as murmuré, on a tous très bien entendu quand tu as parlé des chaussures de l’inspecteur…

Oh... et l'enquête est toujours en cours.

Charlotte

5 commentaires:

  1. je te rassure je travaille au poste de police et ici les inspecteurs ne sont pas du même acabit.... c'est le genre relax, près de la retraite qui se foutent pas mal des souliers shinés ;-)

    Tu m'as fait rire ;-) Bonne journée!

    Saphir 019

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  2. Vraiment , mais vraiment drôle !
    J'espère que tes filles se sont bien remises de leurs émotions.

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  3. L'art de se mettre les pieds dans les plats!!!

    HahA! Merci de partager ça avec nous...

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  4. Très drôle. Un souvenir que vous allez vous rappelez toujours...Danoug

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  5. Hello gang! :-)

    Vous m'avez manqué!!

    Je me demande si c'était parce que c'était le soir que les inspecteurs étaient habillés ainsi... Peut-être qu'ils allaient inflitrer un bar de danseuse la nuit venue... Ou encore rencontrer des taupes dans des endroits jetset... Ou encore que je regarde trop de films... ;-)

    C'était la première fois que nous avions affaire à la police et tout ce qui s'y approche. Pour ma part, il s'agit d'une belle expérience. Pour les filles, ils s'agit d'une aventure de plus dans leur belle année scolaire. Qu'il s'en est passé des choses!

    Je pense aussi que nous nous en rappellerons très longtemps!

    Merci d'être là gang!

    Charlotte

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